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27 mars 2009 5 27 /03 /mars /2009 22:37
Dans le journal La Croix des 28 et 29 mars il y a un article
très intéressant à propos de Claude Vigée, poète et juif
Nous vous rappelons que Claude Vigée a reçu
le prix de l'AJCF en 2006, le 23 octobre.
Vous pouvez retrouver cet hommage fait à Claude Vigée
dans le numéro 3-2007 de la revue SENS


Nous avons retenu pour vous, toujours dans ce même journal, 
un article écrit par Armand Abécassis, philosophe :

"Présence et absence de Dieu"


  "Nous venons de fêter Pourim et nous avons lu le rouleau d’Esther. On connaît cette histoire et la ten­tative de Haman d’exterminer les juifs habitant les cent vingt-sept provinces perses. Déjà, dans ce premier événement malheureux de l’histoire juive en exil, sont déposées les épreuves que le judaïsme allait traverser au sein des nations. C’est le temps du se­cond Temple, reconstruit à la fin du VI

 e
siècle avant l’ère courante. Pourtant, tous les juifs déportés par Nabuchodonosor dans le premier quart de ce siècle ne retournent pas dans leur patrie. La plus grande partie préfère rester en Babylonie, gardant ses coutumes et ses lois et refusant de s’assimiler à la culture perse.
  Ainsi se déclenche l’histoire de l’antijudaïsme. Son initiateur s’appelle Haman, qui obtient du roi Assuérus l’autorisation de massacrer les juifs. Il lui dit :
«Voici un peuple particulier dispersé et séparé au milieu des peuples dans toutes les provinces de ton royaume. Leurs lois sont dif­ férentes de celles de tout peuple et ils n’exécutent pas les lois royales. Le roi n’a pas intérêt à les laisser tranquilles » (Esther 3, 8). Et tel sera aussi l’argument essentiel des antijuifs durant tout l’exil, avant et après Hitler. Refuser l’identité culturelle juive est le modèle de tout refus de la différence. Pour­tant, si les communautés juives dans le monde ne s’assimilent pas et ne se laissent pas absorber par les cultures au sein desquelles elles vivent heureuses ou mal­heureuses, elles sont parfaitement intégrées et obéissent aux lois des royaumes, des empires et des républiques. La reine Esther et le nota­ble Mardochée en sont des exemples, et certains notables de la cour d’As­suerus comme Harbona (Esther 7, 9), qui n’est pas juif, prennent fait et cause pour Mardochée et Esther et combattent Haman.
  Une deuxième caractéristique du judaïsme en exil est marquée, dans le rouleau d’Esther, par l’absence totale d’un nom divin. On n’y parle pas du tout de Dieu. Le nom d’Esther signifie l’occul­tation. Traduit littéralement, il est rendu par
« Je me cacherai ». Par rapport à l’hébraïsme déposé dans la Torah, qui insiste sur la Présence divine conduisant l’his­toire et régnant sur le monde, le judaïsme, déposé plus tard dans le Talmud, place la responsabilité de l’homme au centre de sa vision de l’histoire. Il interdit même de lire le nom divin par excellence, YHWH, tel qu’il est écrit : on le lit désormais Adonaï (Seigneur). Il faut dire notre reconnaissance profonde à l’Église qui ne veut plus entendre parler de Yahweh ni le voir écrit. Les chrétiens doivent respecter cet inter­dit et s’astreindre à traduire ce nom imprononçable par « Seigneur », comme les juifs.
  Ne pas pronon­cer le nom divin, comme il est écrit, impose à l’homme juif le devoir de ne pas se représenter Dieu, de cesser de parler de Dieu et de se limiter à comprendre et à obéir à sa parole, seule connaissable et seule signifiante. Prétendre dire qui est Dieu et ce qu’il est conduit à l’idolâtrie. Pourtant, on ne peut vivre sans tension vers lui et sans le dynamisme qui nous arrache à nous-mêmes pour nous projeter vers l’Absolu et l’Infini, sans ja­mais les rejoindre."



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commentaires

C
Magnifique comme clé de compréhension !
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